jeudi 22 janvier 2009

LA NUIT de Philippe Druillet




Dingue, puissante, folle ! La nuit est une de ces BD qui vous prennent aux tripes et dont on ne sort pas indemne. Elle une sorte d'allégorie de la mort, de notre cheminement jusqu'à l'acceptation. Versée par un grand Druillet cette œuvre est magistrale par le rythme qu'elle impose : le cœur se serre peu à peu jusqu'à lâcher à la dernière page.

« Au cœur de la ville morte, la nuit, la nuit seulement tout bougeait, mais au matin quand disparaissait la lune molle devenue folle, quand le jour terrible naissait tout retournait au tombeau... » Dans cette ville morte vivent deux espèces d'hommes, d'une part les tribus mort-vivantes zombiifiés par la drogue, de l'autre les polars qui détiennent le dépôt bleu, source de tout les shoots.

La nuit a été publiée pour la première fois en 1976, peu de temps après la mort de la femme de l'auteur. En préambule au texte il pousse un cri déchirant où il remet en cause les médecins et la société dans son ensemble.

Finalement l'histoire importe peu, seule la troublante qualité narrative de M. Druillet emporte le lecteur dans un dédale de sentiment. Le découpage grandiose et les graphismes typiquement Druillesque apportent un force incomparable à La nuit. Au travers son nihilisme salvateur et sa folie, cette bande dessinée d'exception reflète les errances et l'incompréhensible tache qu'est l'acceptation.


LA NUIT - Philippe Druillet | Albin Michel

lundi 12 janvier 2009

Le contour de toute les peurs de Guillaume Guéraud


Guillaume Guéraud nous a habitués aux textes courts, percutant, qui prennent aux tripes, aussi c'est avec une certaine excitation que j'entame "Le contour de toutes les peurs", titre au combien évocateur. Dès les premiers pages on ressent une tension sous-jacente particulièrement malsaine. Clément a 14 ans, Clément rentre chez lui après une journée au collège, il fait chaud. Il ne se doute pas qu'un homme est en train de ravager le bureau de sa mère, il ne se doute pas que l'horreur va entrer dans son esprit. L'homme en veut profondément à sa mère, avocate, en son absence il se rabat sur Clément. L'homme n'a plus rien à perdre, seul compte la vengeance, la vengeance aveugle. Tout s'enchaîne très vite, les coups, la douleur, la peur, la peur qui paralyse.


Comment reprendre le cours de sa vie quand l'homme qui vous a agressé se balade toujours en liberté ? Comment se ressaisir quand ses mots résonnent encore à vos oreilles ?


« Le contour de toutes les peurs » est ce genre de texte qui vous prend aux tripes, que vous reposé essoufflé, presque tremblant. L'émotion est puissante, sourde, elle vous prend et vous relâche plusieurs dizaines de pages plus tard, perturbé, secoué, différent. Avec le Contour de toutes les peurs l'auteur nous offre du grand Guéraud, et bien que dans la collection doado Noir des éditions du Rouergue, ce texte n'est pas à mettre entre toutes les mains. A lire d'urgence !



Le contour de toutes les peurs - Guillaume Guéraud |
Ed. du Rouergue - Collection DoAdo. Noir

Les Nains de Markus Heitz


Les Nains ! Un titre ô combien évocateur pour tout les aficionados de la fantasy, lorsqu'il parait chez Milady je dois avouer que j'ai un peu peur. Les Nains c'est un bon sujet, mais entre les mains d'un écrivaillon de bas étage ça peut vite se transformer en carnage, heureusement il n'en est rien ! Markus Heitz est déjà une star de la fantasy outre Rhin, le jeune Tungdil est presque plus connu là-bas que Gimli du seigneur des anneaux.

Markus Heitz réussi avec brio à mettre en place une histoire digne des grandes sagas de fantasy avec des Nains comme héros, enfin le peuple des montagnes prend de l'ampleur ! Ici les nains sont bien loin du faire valoir qu'ils sont habituellement.

Tungdil est né parmi les hommes, et fut élevé par Lot-Ionan un des 6 grands mages du pays sure. Rapidement il voit son monde s'effondrer, les orcs massacrent et envahissent le pays. Tungdil se retrouve confronté à un monde qu'il ne connaît que depuis ses livres. Il va vite être pris dans une quête qui le dépasse et à ses dépends devenir un des seuls espoirs du peuple nain et du pays sure.

La quête de Tungdil est archibasique, certes, mais le traitement, les personnages si caractéristiques rendent l'aventure plus que passionnante, on vibre, on ris et on pleure avec notre petite troupe. Malgré un premier tome très introductif, le second montre toute l'ampleur de l'écriture de Markus Heitz, auteur dont je vais m'attacher à suivre la carrière déjà impressionnante. En Allemagne 5 tome des Nains sont déjà sorti (Les deux premiers tomes, Le passage de pierre et Lame de feu, forme néanmoins une histoire complète.)... C'est avec hâte que j'attends la suite !


Pour les curieux ou les fans on murmure dans les milieux autorisés qu'une adaptation du roman serait en cours de tournage, j'ai peur ... mais sait-on jamais ;)

Période Glaciaire de Nicolas De Crécy





Très étrange et très particulier, c'est les premières pensées qui surgissent après la lecture de cette œuvre. Nicolas de Crécy nous plonge dans un désert gelé. Il nous plonge au cœur d'une curieuse expédition où un historien arbore un écusson de l'OM, où un chien aux allures de cochon parle aux autres membres de l'équipe comme si de rien, en un mot où rien d'est vraiment normale. Rapidement les choses se mettent en place : l'expédition recherche des traces de civilisation, le désert gelé n'est autre que Paris. Peu à peu des morceaux du Louvre émergent de dessous la glace. L'expédition prend alors un tour curieux, les allégations déjà distillées finement au file de la BD se renforcent, on s'aperçoit que ces hommes là ne connaissent rien de ce que fut le monde, de ce que nous fûmes. La suite n'est pas à raconter, seulement tout devient très étrange, l'auteur nous plonge dans une sorte de rêverie onirique plus que curieuse et passionnante...



Au travers de cette bande dessinée, première d'une commande du Louvre aux éditions Futuropolis, Nicolas de Crécy nous montre un Paris probable où la glace a envahi Paris, il utilise les explorateurs pour porter un œil neuf sur notre société. Ce regard naïf et ignorant met en exergue les futilités de notre monde avec beaucoup d'humour.


Le dessin, sans être magnifique, est efficace, les couleurs s'allient parfaitement avec les œuvres originales des couloirs du Louvre. C'est aussi ce mélange d'œuvres et de dessins qui ajoute une originalité intéressante à cette bande dessinée. Sans être exceptionnelle, Période Glacière est une œuvre incontournable, à bien des points de vu.

Le cadavre et le sofa de Tony Sandoval


"Tu as remarqué que les défauts rendent les choses plus intéressantes ?" Polo s'interroge, Polo est un adolescent banal, Polo s'ennui. C'est les vacances, il est seul dans son petit village de campagne puis il rencontre Sophie, une fille étonnante, tout de noir vétu, Sophie est fascinée par les loups-garous. L'histoire commence ainsi, deux adolescents livrés à eux même, un jeune du village qui a disparut et un sofa. Ce sofa sur lequel Polo et Sophie regardent la télé, ou plus... Une histoire d'amour adolescente, une histoire de passage à l'âge adulte...


Tony Sandoval nous offre ici une vision onirique, macabre et poétique de l'adolescence. Les univers graphiques s'alternent et s'entremêlent, confondant les rêves et les réalités. La prouesse de l'auteur est de nous transmettre l'indéfinissable : les sentiments, les émotions. A l'aide de fabuleuses images il parvient à nous conter une histoire, simple d'apparence mais emplie d'implicite. Et derrière un dessin parfois subtilement épuré, il touche.


Le cadavre et le Sofa ne plaira vraisemblablement pas à tout le monde, à cause d'un univers personnel trop sombre, mais si vous n'avez pas froid aux yeux le résultat est là, cette bande dessinée est véritable bijou.

Salammbô de Gustave Flaubert


La dernière page se tourne, le livre se ferme, je viens de vivre 4 semaines en compagnie de Matho et de sa princesse Salammbô, je quitte Carthage et ses démons presque à regret. Le sang a fini de couler sur les terres africaines, du moins pour un moment.


Salammbô est un de ces romans passionnant, foisonnant de vocabulaire complexe propice aux rêveries. On se laisse porter par le flot des batailles et par les somptueuses descriptions de Maitre Flaubert. Puis on repense à cette guerre, à ces batailles, à la violence des combats et à la cruauté des hommes car dans ce texte on entrevoit la nature humain dans ses pires penchants et rarement dans ses meilleurs. La mort rode telle une amie infidèle, les hommes tombent irrémédiablement, des centaines, des milliers, des centaines de milliers peut-être un million.


Flaubert nous compte ici l'histoire de Matho et des mercenaires de Carthage. Après des nombreux combats pour la cité les barbares attendent leur dû, l'argent qu'on leur a promis. Mais les riches s'y refusent et épuise toute les astuces en leur possession pour éviter les foudres des guerriers. Pendant ce temps l'un des leur, Matho, tombe sous le charme de la belle Salammbô, fille du suffète Hamilcar, commandeur des légions en campagne en méditerrané. Les pourparlers s'enlisent et bientôt la guerre éclate, les mercenaires sont alors menés par Mathos sous le conseil de Spendius, ancien esclave et fin stratège. Ce dernier désire ardemment la prise de Carthage. S'en suit une éternité de guerre, où la fortune sourit aléatoirement à l'un puis à l'autre.


Magistralement écrit par monsieur Flaubert, dense et haletant, ce livre est riche en terme coloré et rare. On découvrira notamment que les grands auteurs de fantasy n'ont rien inventé car tout est dans Salammbô.


Pour finir cette brève critique je citerais Théophile Gautier : "La lecture de Salammbô est une des plus violentes sensations intellectuelles qu'on puisse éprouver."

Bookhunter de Jason Shiga

Book hunter ? Hum, drôle de nom... curieux j'ouvre la BD, premier page : "Crazy+génius=Shiga" Signé Scott McCloud mon esprit s'éveil, ça ça doit être bon ! L'enthousiasme est à son comble !

Une idée un peu private joke mais efficace : Une section spéciale, genre FBI, s'occupe des voleurs de livre et autres grands retards en bibliothèque. L'histoire commence sur une action spectaculaire de la police des bibliothèques. On trépigne, on sourit, c'est tout bonnement génial comme l'avait annoncé l'ami McCloud. Quelques jours plus tard, une nouvelle enquête débute, plus complexe, bien plus private joke, on se perd dans le langage spécifique dans les détails scientifiques genre les experts. Alors oui, on sourit à l'aspect déjanté, mais on se noie dans une enquête un peu acadabrantesque...


Que dire donc de ce petit comics malgré tout fort original et très bien fait. Décevant, oui, mais bon tout de même. Les bibliothécaires s'y retrouveront bien sur, mais les autres aussi j'espère.

La narration de Jason Shiga et son dessin particulier créer une ambiance, un univers étrange et un peu fou ou des censeurs free lance décident de s'immolé avec des livres de bibliothèque et ou flic d'unité spéciale se balade holster fixé au corps en plein cœur d'une bibliothèque...